“I use animals to teach humans”
– Jean de la Fontaine (1621 – 1695)
In Le Bestiaire Fabuleux (1951), artist Jean Lurçat (1 July 1892 – 6 January 1966) and poet Patrice de la Tour du Pin (1911–1975) created 14 lithographs of surreal, abstracted figures dished as typographic calligrams – a poem, phrase, or word in which the typeface, calligraphy or handwriting is arranged in a way that creates a visual image. The book echoes the tradition of the Bestiary, in which animals represented particular human traits.
Bestiaries first started to appear around the 12th century and took as their source the Physiologus, written in Alexandria around the 4th century. The work, one of the most popular and widely read books of the Middle Ages, added a moralising element to earlier animal lore. The V&A notes, “Other sources were variously used, such as Isodore of Seville, Hugh of Fouilloy, Solinus, Rabanus Maurus and later, Bernard Silvestris and Bartholomeus Anglicus.”
As Michael J. Curley writes in Physiologus (1979): “Physiologus was never intended to be a treatise on natural history… Nor did the word… ever mean simply “the naturalist” as we understand the term… but one who interpreted metaphysically, morally, and, finally, mystically the trancendent signficance of the natural world.”
The Bestiary was a subject that particularly interested Lurçat. He studied medieval tapestries and wrote Le Bestiaire de la Tapisserie du Moyen Age. A two dimensional decorative quality can be seen in his print illustrations, a feature that spilled across from his tapestry designs.
Lurçat’s originally gouache designs for Le Bestiaire Fabuleux were rendered as lithographs by Vairel Edmond and the poems turned into calligrams by Jules-Dominique Morniroli. The book was published in a limited edition by Maurice Darantiere at P. Gaudin in 1948.
Lurçat’s representations of the vegetable and insect worlds were part of his work in reconciling the stylisations of medieval religious tapestry with modern modes of abstraction. As noted in Dictionary of Modern and Contemporary Art:
“In 1939 he was appointed designer to the tapestry factory at Aubusson and together with Marcel Gromaire he brought about a renaissance in its work. He made more than a thousand designs, the most famous probably being the huge Apocalypse (1948) for the parish church of Assy (Haute-Savoie). From 1930 onwards he did a number of coloured lithographs, stage designs, and book illustrations, and in the 1960s he renewed his painting activities. He also wrote poetry and books on tapestry.”
Lurçat worked on the same theme in his work Géographie Animale (1948) by Editions André Gonin. The 18 lithographs each show a different animal. References to the Resistance movement, of which Lurçat was a member during the 1939-1945 war, feature in the book. At least a couple of the participants in Le Bestiaire Fabuleux project became friends while working for the French underground during World War 2.
As for the poems, the Société des Amis de Patrice de La Tour du Pin has them in the original French. Translating poetry is pretty much impossible to do well. How can you translate the cadence, nuance, rhythms, references and subtleties of one language for another without losing the poem’s soul?
This is the poem for the image above, The Spider – L’araignée
Sur les fosses passées et peut-être à venir,
Dans l’étroit fleuve à vivre, lumineux
Pour je ne sais quelle cause, probablement folle,
Elle tend ses filets aux mailles si fragiles
Que le rêve d’un rêve ne devrait pas s’y laisser prendre…
Araignée cinéraire,
Mangeuse des reflets danseurs de toute vie,
A l’infini tisseuse de constellations mortes
Afin que notre ciel s’étende comme un suaire
D’étoiles que nous saurons éteintes…
An in English – The Spider, via Google Translate:
On past and perhaps future pits,
In the narrow river to live, luminous
For I don’t know what cause, probably mad,
She stretches her nets with meshes so fragile
That the dream of a dream should not be let it take…
Cinerary spider,
Eater of the dancing reflections of all life,
To infinity weaver of dead constellations
So that our sky extends like a shroud
Of stars that we will know are extinct…
Not all that good, then. So we’ll stick with the French text.
La méduse des chênes
Celui qui t’a nommée fut-il pétrifié ?
Porteuse des deux sexes pour que même dans l’amour tes yeux
N’en rencontrent pas d’autres,
Tes visages contraires
Ne rejoindront jamais leurs lèvres,
O méduse des baies de branches, des golfes d’arbres,
Suspendue par une longue chevelure de clavaires noires,
Mes mains et ma pensée n’oseraient pas t’étreindre
De peur de se figer tout à coup de détresse
Devant ce signe double inscrit en une seule chair
Et qui ne peut renaître de ses noces…
Le hussard de la mort
Ceux qui sont nés sous la constellation des Chiens de Chasse
Courent une odeur morte à travers les vivantes,
L’empreinte du grand Cerf de la fin des temps ;
Mais ce sont eux qui la revêtent de chaleur
Eux qui perdent le souffle, et non pas lui, désanimé ;
Quand ils n’en peuvent plus, c’est alors qu’ils atteignent,
Quand ils sonnent leur propre agonie, c’est alors qu’apparaît
Ce masque vide couronné de trois grands bois somptuaires.
Le taurillon zébré
Il hante les plateaux secondaires de la chair :
On dit qu’il a volé le feu de ses volcans ;
Ses cornes sont un croissant de lune calciné,
Des ailes lui ont crû pour saillir en plein vent.
Il passe dans les nuits femelles que son œil rouge crevasse,
Taureau adolescent harcelé de son sexe,
Caressé tout le long de son flamboiement noir
Par des mains mortellement tordues qui ne savent plus où s’assouvir…
Le serpent
Le serpent qui jadis donna son rythme au monde,
Epousant toutes les vagues du temps,
Dessinant les questions en jouant sur lui-même,
Les paradis en s’enlaçant,
C’est donc de lui que nous renaquîmes.
Quand il prit leur couleur aux quatre fleuves,
Son sifflement aux trilles du sang dans les oreilles,
Et même sur les dunes silencieuses de la pensée,
J’entends cette promesse de vivre sans passer par mon absence…
La lamproie des neiges
Il est peut-être des natures entr’ouvertes
Sur de longues étendues de neige perpétuelle
Où ce signe corail et bleu pâle est flottant…
Que veut-il donc traduire aux déserts froids de l’homme ?
De quoi se nourrit-il, puisque nulle existence
Ne peut hanter, auprès de lui, ces mers gelées, jamais berceuses,
Nulle, sinon ma pensée en fuite de moi-même,
Qu’il épie et fascine et dévore,
Comme elle avait rêvé de renaître à l’image
De cette étoile aux lents mouvements bleus et corail.
La belle des sables
Brusquement, en bordure des plages blanches, cette figure énigmatique des sables,
L’aileron bleu, le sein, la chevelure et ce sourire…
Mais d’où vint la semence qui put éclore en femme,
Sinon de pleine mer, avec les vagues, et d’au delà ?
Car elle n’a pas crû dans nos couches de chair,
Elle n’anime pas le même sang que nous,
Plus imprenable encore et sans désir complice,
Cette autre possibilité de femme, et de folie, et de torture…
La tortue
Un monde clos à tête rose, signe fermé qui traîne de la vie des sables à celle des eaux,
Sans jamais sortir de lui-même, sinon pour d’étranges pariades,
Annoncées par de longues sonneries d’écailles sur la mer,
Non pour leurs propres noces, ô cœur d’hommes, mais pour que l’espèce se prolonge
Peut-être par degrés de chair froide en chair plus froide,
Jusqu’à ce que la mesure du temps soit comblée en toute ligne de vie,
Et que la sagesse des longues méditations closes apparaisse…
O toi qui fus jadis adorée à cause d’elle
Par de hautes créatures humaines qui tâtonnaient à sa recherche dans l’esprit !
La puce cerf volant
Indigène des corps d’homme à ne boire que leur sang,
Nos fièvres et nos sueurs sont tes intempéries,
Fait-il si bon sur notre chair qu’on y épuise tous ses désirs ?
Nous-mêmes en doutons, qu’elle épouse de si près,
Nous-mêmes, cerfs volants de si basse altitude,
Qui aspirons à celle où la soif serait autre,
La soif, et la vie, et l’aimant…
L’oreille de mer
Sois trouvée par celui que baignent de hautes eaux intérieures,
Et qui ne peut les découvrir…
Mais aux roches primaires, quel frêle coquillage musicien
N’est pas encor rempli du silence qui l’entoure,
Et garde la dentelure d’écume des mers originelles,
Cet écho de leurs vagues refoulées par le sang,
Au delà des vraies lignes de partage des eaux…
Le lézard
Une jetée de pensée en pleine mer intérieure, un lézard comme un lichen bleu des zones boréales.
Il a déjà le dessin des fossiles encastrés dans les glaces, la chair qui se conforme à la vie rare.
Il demeure dans une dernière crispation des membres, une pauvre érection d’ailes impuissantes pour l’essor.
Car l’air n’est pas assez dense pour raviver le sang qui se fixe en stries rouges à sa surface,
Braise déjà foncée comme celle des vieilles étoiles qui achèvent leur destin lumineux :
Sur l’extrême avancée de l’esprit dans l’inconnu, l’attente d’une métamorphose impossible…
La carpe mère
Poisson du temps qui s’engouffre vers l’arrière,
Entrevu dans un clin de nageoire et puis perdu dans le passé,
Carpe mère des grandes lagunes de mémoire,
Avec les trois seules vies qui naquirent de mon frai,
Remonte vers le jour inconnu dans l’évaporation des choses,
Poisson des hautes nées, des eaux de pluie qui tombent,
Je parcourrai ce cycle un peu plus lentement,
Mais un jour nagerai dans la fontaine perdue
Que tant d’autres verront aux ténèbres d’eux-mêmes.
The green butterfly
Ah! diverse is the striking of light upon each life,
And what they consume of it, and what they throw out!
But the birds released towards the depths of our stars,
Where the orchards abandoned to the angels sleep,
Have not returned and must have fainted;
What would I throw then to know if they remain!
Perhaps, out of spite, a short-flying insect,
Colorless butterfly, childish and fragile…
At the edge of time, it comes back to rest,
Green with the young shoots it has surprised,
But with this red spot on its wings and this white spot
The first flowers that take millennia of man to bloom.
Via : Paul K
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